L’erreur est apprenante
On ne regarde plus l’erreur de la même façon. Depuis quelques années, certainement sous l’impulsion de la globalisation, nous apprivoisons peu à peu la notion d’erreur, avec l’idée que l’erreur n’est pas une faute morale. Le mantra : « Certaines fois on réussit ! Certaines fois on apprend ! » entre dans la nouvelle grammaire des managers. Et c’est une bonne chose !
Rappelons que pour faire des erreurs, il faut avoir tenté et su prendre des risques. Comme le chante très justement Véronique Sanson : « Celui qui n’essaie pas ne se trompe qu’une seule fois ». L’erreur n’est apprenante que si l’on a conscience de l’avoir commise. Cet apprentissage est donc lié à trois choses : l’intelligence de l’environnement et des situations qui permet l’identification des risques, le courage de se lancer dans le projet en ayant évalué ces risques, et la capacité de relecture des situations. Il faut donc ces trois temps pour avancer vers l’erreur apprenante.
L’absence de l’évaluation des risques fait qu’on entreprend en toute insouciance. Le refus de se lancer par peur de prendre des risques est un évitement stérile. Et l’oubli de confrontation avec l’erreur, par manque de temps ou d’envie, fait passer à côté de toute opportunité d’apprendre de ses erreurs.
Innover dans l’erreur
Le processus apprenant que j’ai décrit est vertueux, surtout s’il a des effets « cliquet », c’est-à-dire, s’il évite de revenir au même stade, et permet de repartir sur des bases plus avancées.
Sa pratique est vitale et demande un certain courage. Mais on peut faire mieux. Comment ? En innovant dans l’erreur ;
Cela consiste en quoi ? A utiliser l’expérience des autres. Il faut alors identifier des erreurs que d’autres ont commises pour ne pas les reproduire. Cela implique d’accepter de partager ses erreurs, de ne pas les garder pour soi, ce qui encore un autre défi. Car, s’il n’est déjà pas simple de regarder en face ses erreurs, c’est carrément très difficile de les formuler et de les restituer à d’autres. C’est une mise à nu encore plus exigeante. Mais c’est aussi offrir à d’autres la possibilité d’apprendre d’erreurs partagées. C’est leur donner la marge de liberté d’emprunter d’autres chemins, de commettre d’autres erreurs, plus innovantes, plus apprenantes.
Travailler les worst practices
Je préconise de créer des plateformes d’échanges de nos « flops » pour donner une accélération à un apprentissage commun. Un adage dit qu’ « on n’apprend pas des erreurs des autres », peut-être, mais on peut les identifier pour les éviter, pour innover dans l’erreur ! A quand le partage de nos worst practices ? (de nos mauvaises pratiques) ?
Isabelle Barth, Professeur des Universités, Directrice de l’EM Strasbourg
Pour citer cet article : Barth, I., 2016, Apprendre de l’erreur c’est bien, innover dans l’erreur c’est mieux !, 18 mars, RMS Magazine.