Crédit : RMS / Ingimage
Comme chacun sait, la recherche en management a pris une importance déterminante dans nos établissements, sous la double pression de l’internationalisation de nos activités et celle de la formalisation explicite des exigences de publication dans tous les référentiels d’évaluation qu’elle soit collective ou individuelle.
Ainsi, en vingt années, la filière de l’enseignement supérieur de management, notamment celle des grandes écoles, qui historiquement a cru pouvoir s’exonérer de ce pan de notre activité au prétexte de son caractère professionnalisant et appliqué, a dû consentir des efforts considérables pour développer une recherche conséquente, de manière à soutenir la comparabilité et la compétitivité face aux institutions internationales dont c’était pour beaucoup une activité allant de soi.
Faut-il s’en plaindre ? Certainement pas ! La recherche a profondément modifié nos établissements, nos enseignants, nos étudiants, notre enseignement lui-même, nos rapports à la connaissance, nos relations internationales, nos pratiques de recrutement, notre management des Corps Professoraux, nos relations et nos projets avec les entreprises, notre organisation interne.
Même s’il a fallu changer la culture de nos établissements et très vite faire face aujourd’hui à une pression constituée à la publication à tous les niveaux (et pas seulement à l’écriture ou à la pensée), nos établissements se sont transformés par la recherche, se mettant au standard de beaucoup de disciplines et de beaucoup de leurs confrères dans le monde. Non sans profit mais aussi non sans mal, non sans difficultés de financement, mais aussi non sans difficultés de management du changement et de querelles internes fortes qu’il a fallu dépasser.
Ce mouvement d’envergure a-t-il été intériorisé par tous au sein des établissements ? Probablement non, certains vivent encore la recherche, notamment en raison de l’importante pression et chiffrage qui s’est emparé de la profession, comme quelque chose d’imposé, de contre-nature, qu’il faut faire parce que les « technocrates » des ministères et instances d’évaluations de toutes sortes, ont dit qu’il fallait faire. Dans cette situation, ou bien les équipes stigmatisent à outrance les exigences, ou bien elles prennent le système à son propre jeu et développent des mécanismes de fabrication d’articles quasi-industriels, quitte à perdre tout sens ou ton entendement.
Résistance et illusion du retour à une époque révolue d’un côté, apparition de dérives caricaturales de l’autre, sur le chemin de la maturité, il y a donc comme souvent à la fois des résistances comme des excès … Ne doutons-pas qu’ils finiront par se réguler lorsque la phase de rattrapage critique aura été dépassée par un grand nombre d’institutions, pour rester fidèle à l’esprit de la recherche. Avant tout faire avancer la connaissance, la formaliser, nourrir l’enseignement, réinventer la relation avec les entreprises, susciter des visions managériales nouvelles, mettre le doigt sur des phénomènes incompris ou non éclairés… et pour ce faire, avoir effectué des publications qui actent des avancées. Mais elles ne constituent pas une fin en soi, elles doivent rester l’aboutissement d’un cheminement scientifique transformant une question de recherche en résultats de recherche qui, pour se vérifier et se partager entre pairs, se traduisent en publications ayant ensuite vocation à irriguer l’enseignement comme les pratiques managériales !
Quelles que soient la pression à la publication qui s’exerce actuellement dans notre champ disciplinaire comme dans beaucoup d’autres et qui peut toujours se discuter, et quelles que soient les logiques d’optimisation et les organisations du travail inhérentes à tout métier qui se normalise, restons fidèles à l’esprit et à la finalité de la recherche et sachons garder le recul nécessaire eu égard à ses indicateurs de performance. Pour ne pas faire le jeu des extrêmes, pour mieux faire comprendre son rôle au monde de l’entreprise, et pour exercer ainsi avec responsabilité la mission privilégiée qui est la nôtre !
Ainsi, en vingt années, la filière de l’enseignement supérieur de management, notamment celle des grandes écoles, qui historiquement a cru pouvoir s’exonérer de ce pan de notre activité au prétexte de son caractère professionnalisant et appliqué, a dû consentir des efforts considérables pour développer une recherche conséquente, de manière à soutenir la comparabilité et la compétitivité face aux institutions internationales dont c’était pour beaucoup une activité allant de soi.
Faut-il s’en plaindre ? Certainement pas ! La recherche a profondément modifié nos établissements, nos enseignants, nos étudiants, notre enseignement lui-même, nos rapports à la connaissance, nos relations internationales, nos pratiques de recrutement, notre management des Corps Professoraux, nos relations et nos projets avec les entreprises, notre organisation interne.
Même s’il a fallu changer la culture de nos établissements et très vite faire face aujourd’hui à une pression constituée à la publication à tous les niveaux (et pas seulement à l’écriture ou à la pensée), nos établissements se sont transformés par la recherche, se mettant au standard de beaucoup de disciplines et de beaucoup de leurs confrères dans le monde. Non sans profit mais aussi non sans mal, non sans difficultés de financement, mais aussi non sans difficultés de management du changement et de querelles internes fortes qu’il a fallu dépasser.
Ce mouvement d’envergure a-t-il été intériorisé par tous au sein des établissements ? Probablement non, certains vivent encore la recherche, notamment en raison de l’importante pression et chiffrage qui s’est emparé de la profession, comme quelque chose d’imposé, de contre-nature, qu’il faut faire parce que les « technocrates » des ministères et instances d’évaluations de toutes sortes, ont dit qu’il fallait faire. Dans cette situation, ou bien les équipes stigmatisent à outrance les exigences, ou bien elles prennent le système à son propre jeu et développent des mécanismes de fabrication d’articles quasi-industriels, quitte à perdre tout sens ou ton entendement.
Résistance et illusion du retour à une époque révolue d’un côté, apparition de dérives caricaturales de l’autre, sur le chemin de la maturité, il y a donc comme souvent à la fois des résistances comme des excès … Ne doutons-pas qu’ils finiront par se réguler lorsque la phase de rattrapage critique aura été dépassée par un grand nombre d’institutions, pour rester fidèle à l’esprit de la recherche. Avant tout faire avancer la connaissance, la formaliser, nourrir l’enseignement, réinventer la relation avec les entreprises, susciter des visions managériales nouvelles, mettre le doigt sur des phénomènes incompris ou non éclairés… et pour ce faire, avoir effectué des publications qui actent des avancées. Mais elles ne constituent pas une fin en soi, elles doivent rester l’aboutissement d’un cheminement scientifique transformant une question de recherche en résultats de recherche qui, pour se vérifier et se partager entre pairs, se traduisent en publications ayant ensuite vocation à irriguer l’enseignement comme les pratiques managériales !
Quelles que soient la pression à la publication qui s’exerce actuellement dans notre champ disciplinaire comme dans beaucoup d’autres et qui peut toujours se discuter, et quelles que soient les logiques d’optimisation et les organisations du travail inhérentes à tout métier qui se normalise, restons fidèles à l’esprit et à la finalité de la recherche et sachons garder le recul nécessaire eu égard à ses indicateurs de performance. Pour ne pas faire le jeu des extrêmes, pour mieux faire comprendre son rôle au monde de l’entreprise, et pour exercer ainsi avec responsabilité la mission privilégiée qui est la nôtre !
Tamym ABDESSEMED est professeur de management stratégique à ICN Business School.
Directeur académique et de la recherche et directeur du Ph.D Universa d’Ecricome, il préside le groupe de travail recherche du Chapitre des Ecoles de management de la CGE (Conférence des Grandes Ecoles)
Directeur académique et de la recherche et directeur du Ph.D Universa d’Ecricome, il préside le groupe de travail recherche du Chapitre des Ecoles de management de la CGE (Conférence des Grandes Ecoles)